Entretien avec Edouard, de retour de 3 mois en Thaïlande
Edouard Amayon a passé l’été 2015 en mission comme volontaire MEP au sein du village de Mae Woei Clo, en Thaïlande, il était alors le principal gestionnaire de l’association Terres Karens, à la source de notre projet : le tissage des femmes Karens.
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Quel était le fonctionnement de ta mission à Mae Woei ?
La Mission se situe au nord de la Thaïlande à la frontière Bimane. C’est après 1h de piste à travers la jungle que l’on découvre le petit village de Mae Woei Clo, perdu entre deux montagnes. Ma mission de 3 mois était la gestion de la coopérative de tissus. Cela comprend plusieurs volets : le premier est la gestion d’un magasin de fil où l’on vend du fil acrylique, coton ou des pelotes de laine aux femmes du village et de la vallée. J’avais ensuite la charge d’une cinquantaine de tisserandes à qui je demandais des tissus spécifiques chaque dimanche et à qui je rachetais les tissus. Enfin, l’atelier de couture de Mae Woei comprend quatre couturières et une responsable de l’atelier de couture. Je leur donnais régulièrement les consignes de production (tapis de bain, trousse de toilette) ainsi que les tissus correspondants.
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Comment résumerais-tu l’impact de Terres Karens dans les villages alentours ?
L’association Terres Karens sert indéniablement au développement économique dans une région du monde très pauvre. Je pense notamment à Seimoucleimo, une des couturières, qui a pu financer sa « maison », c’est à dire 4 planches de bois mises bouts à bouts sur pilotis, grâce à l’atelier de couture. Outre l’aspect financier, l’association permet également de perpétrer un savoir-faire ancestral de la région : le tissage.
· Que définirais-tu comme « ta plus belle rencontre » au cours de ton séjour ?
Il est difficile de nommer « la » plus belle rencontre tellement le cadre extraordinaire, au sens premier du mot, vous amène à faire de belles rencontres. J’en citerai néanmoins deux : la première est celle de Tchi-Tchi, un enfant du pensionnat qui m’a tout de suite accueilli, à peine arrivé au village et que j’ai pris rapidement en affection. Malgré la barrière de la langue, nous avons partagé de beaux moments à travers des balades dans les rizières, des parties de foot ou encore de mikado et de uno.
La seconde est celle de mes voisins, Tchrissamo et Tchrissapa, qui bien qu’ayant un fort penchant pour l’alcool, sont des gens bienveillants avec un réel souci de l’accueil. Très peu de temps après mon installation au village, ils m’ont invité chez eux et m’ont demandé de les considérer comme mes parents karens. C’est avec eux que j’ai passé des soirées interminables, que j’allais pêché, et que j’ai fêté la fête des mères selon un cérémonial très spécifique.
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Quel lien penses-tu garder avec Terres Karens maintenant que tu es de retour ?
Le lien que je garderai avec TK est celui de la prière pour les volontaires qui, en France, consacrent énormément de temps à cette association ainsi que pour les Karens du village de Mae Woei qui vivent à l’autre bout du monde et dont les visages resterons gravés dans ma mémoire.