Un peu d’histoire

L’ethnie karen est un peuple de tradition nomade originaire des régions tibéto-birmanes. Probablement issu du Yunnan et des hauts-plateaux birmans, le peuple se fixe au Nord de la Birmanie aux alentours du VIIIème siècle après Jésus-Christ. La première mention archéologique fait état en 1235 d’un peuple, appelé Karian, ayant offert des esclaves pour des cérémonies religieuses. La stèle appartient aux restes du royaume conquérant de Bagan, qui se livrent aux déportations des ethnies minoritaires. Il semble que l’ethnie ait vécu comme peuple minoritaire dans les montagnes qui forment la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie depuis sa fixation. Ils vivaient de culture sur brûlis, de chasse et de pêche, et changeaient régulièrement d’emplacement au gré de l’assèchement des sols.

Les publications universitaires de sociologues, d’anthropologues ou d’ethnologues, rares, distinguent plusieurs sous-groupes de karens, ayant des traditions et des évolutions géographiques légèrement dissemblables. Ils conservent cependant entre eux un sentiment communautaire et identitaire fort. Les karens, qui ont obtenu la citoyenneté thaïe au XVIIème siècle, sont probablement issus du sous-groupe des Sgaws.

Récolte du riz
Jeune Karen
Femmes Karens
Scène de vie Karen

Mode de vie, coutumes et croyances

Le mode de vie et les coutumes des karens citoyens de Thaïlande sont essentiellement le fait de leur origine nomade et de leur socle de croyances. La vie agricole et le tissage traditionnel constituent le cœur de l’activité des villageois. Celui-ci est encore largement à l’écart des développements économiques récents de la vallée thaïe. Volontiers indifférents de l’évolution économique ou sociétale du monde “extérieur”, leurs coutumes, qui permettent de préserver l’harmonie de la vie communautaire et les rapports à la nature, se sont préservées au cours des siècles jusqu’à aujourd’hui. La vie agricole rythme les habitudes de vie d’un village. Elle suit les étapes de la production du riz ou du maïs, en cohérence avec le cycle des saisons :

  • une saison des pluies de mai à octobre
  • une saison sèche de novembre à janvier
  • une saison chaude de janvier à mai

Les femmes tissent lorsque la saison ne les réclame pas à la culture, ou pendant les soirées. La grande majorité des karens est de religion animiste, c’est-à-dire que les croyants croient et rendent un culte aux esprits. Le “mode de pensée” karen est fortement teinté du terreau culturel bouddhiste thaï et des logiques d’harmonie en société propres à l’Asie.

Infographie Les Karens

Le tissage traditionnel

L’habillement traditionnel est entièrement le fruit du travail des tisserandes (ou tisseuses). Savoir-faire unique au monde, fondé sur une technique complexe et minutieuse, le secret des combinaisons de motifs se transmet de génération en génération. Leur arrangement et leur disposition expriment un langage tacite que chacun porte sur soi et lit inscrit sur les vêtements des autres.

Le code vestimentaire karen dépend des situations individuelles. Il permet aux uns et aux autres d’exprimer ce qui pudiquement ne se dit pas : la situation affective, la provenance, les traits de caractères… Les techniques mises en œuvre pour réaliser les motifs caractéristiques font intervenir un ensemble de tiges et de fils agencés différemment.

Aujourd’hui, l’industrie textile thaïe permet aux foyers de trouver des tenues à meilleur marché que leurs tenues d’autrefois. L’habillement traditionnel est malgré tout porté pendant les fêtes ou toute occasion de vie communautaire, et les plus âgés continuent de le porter au quotidien. La proportion des tenues “modernes” est très variable suivant le degré de contact des villages avec la société thaïe. L’habit reste la marque d’un attachement culturel et identitaire important pour la grande majorité des Karens.

Les femmes se réunissent pour tisser ensemble. Au sein d’une famille, la mère tisse avec sa fille et les filles de ses filles ; ou les femmes d’une même génération se réunissent entre elles pour confectionner les habits traditionnels. C’est une occasion pour parler de la vie de leurs familles et échanger sur les uns et les autres. C’est un lieu privilégié de la propagation de l’information au sein d’un village.

Il est traditionnellement rare que les textiles tissés soient commercialisés : le plus souvent, ils servent à habiller les membres de la famille, ou sont donnés pour des mariages ou des fêtes. On remercie l’hôte en lui offrant un sac, on apporte une chemise ou un sac lorsque l’on est invité… Les dispositifs permettant de valoriser le surplus du travail des tisseuses et de générer pour les foyers une source de revenus supplémentaire seront présentés dans de futurs articles. Les principaux projets de Terres Karens sont orientés pour valoriser le travail de ces tisserandes et générer pour les foyers une source de revenu supplémentaire.

Tissus Terres Karens

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