Organisation sociale et politique (1/3)

Posted on Déc 1, 2015
Organisation sociale et politique (1/3)

L’organisation sociale et politique du peuple karen est très largement le fait de son histoire nomade. La famille fonde le sentiment communautaire.

Famille de Lipomo

La famille de Lipomo (à droite), responsable de la Coopérative de Terres Karens à Mae Woei Clo .© Amaury Perrachon

Le plus souvent sous l’autorité de femmes, elles s’assemblent pour former un village. Les anciens, réunis en conseil, décident pour la vie du village, encadrés aujourd’hui par les fonctionnaires administratifs thaïs.

Le modèle familial, fondement du sentiment communautaire

Le fondement du sentiment identitaire karen tient à son appartenance à une famille. Cette dernière est sous l’autorité de l’ancien, dont il n’est pas question de remettre en cause l’autorité. Même si l’ancien a tort, le plus jeune préfèrera s’effacer que de contester ses compétences ou la pertinence de ses décisions. À l’origine, la société est matriarcale : c’est la femme qui prend les décision pour l’ensemble de son foyer. Les décisions se prennent toutefois de manière collective, mais la voix de la cheffe du foyer est prépondérante.

La famille forme une communauté solidaire ; on y appartient véritablement qu’une fois que l’on a atteint l’âge adulte. Autrefois, ce passage s’effectuait à l’occasion d’une cérémonie pendant laquelle le jeune initié se tatoue depuis le haut du bassin jusqu’au-dessus des genoux pour réparer les souffrances maïeutiques qu’il a imposées à sa mère. Ces traditions disparaissent aujourd’hui à mesure que de nouvelles voies sont construites entre les villages de la montagne et les villes de la vallée.

La société karen est strictement monogame. Les relations hors mariage sont sévèrement condamnées par la communauté ; et la sanction peut aller jusqu’à l’expulsion du village des fautifs concernés. Cet ostracisme est le plus souvent synonyme de mort : un individu seul a forcément été mis à l’écart d’une société et n’est jamais réintégré à aucun village. Il mourra rapidement dans le milieu hostile de la jungle, exposé aux dangers hostiles de la forêt.

La solitude n’est pas compréhensible : aller seul par les chemins de la jungle n’est pas envisageable pour des raisons de sécurité. L’attachement aux valeurs de la famille s’explique donc en partie par le mode de vie des communautés nomades : il préserve les individus par la solidarité existant au sein d’une entité communautaire.

Pour la jeune génération, qui se confronte à une société thaï en pleine mutation, la rencontre avec les modes de vie occidentaux, exaltés par les médias auxquels ils ont accès depuis peu, est souvent difficile. La plupart, parfois encouragés par leur famille pour des raisons financières, quittent le foyer familial et vont dans les villes thaïs expérimenter l’occident et gagner un argent plus facile, qu’ils transmettent à l’ensemble de leurs foyers. Ce mouvement est relativement récent, catalysé en outre par le manque d’opportunités professionnelles des montagnes.

 

Tiré de l’Etude culturelle du peuple Karen de Terres Karens (Tous droits réservés. Ne pas citer ou utiliser sans la permission écrite de l’association.)

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