Un Noël pas comme les autres

Posted on Déc 27, 2011

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Thibault et Adélaïde sont en Thaïlande depuis maintenant 6 mois chez les Karens. Ils vous racontent comment ils ont vécu Noël dans des conditions inoubliables.

La fête de Noël s’étale en réalité sur un mois. En effet, les prêtres ont en charge un nombre important de villages qu’ils visitent pour célébrer la messe, bénir les familles et faire la fête avec les villageois. Nous avons donc assisté à 8 Noëls en suivant le Père Nicolas, jeune prêtre des Missions Etrangères de Paris et ses catéchistes, tout juste sortis de l’université thaïe et rentrés donner deux ans de leur vie pour la mission.

Nous avons commencé par Ponouaypou, petit village karen où habite le Père Nicolas. De Maesot, la ville où nous vivons, il faut prendre le songtheo, une sorte de pick-up taxi à trajet prédéfini qui vous arrête et vous prend où vous voulez sur la route. 3 heures de trajet mémorable où gens, animaux et marchandises s’entassent et papotent dans une ambiance unique.

Arrivés au village, nous avons assisté à la décoration de l’église : affichage d’icônes et images pieuses, préparation d’une crèche en paille illuminée par des guirlandes multicolores, installation de l’étoile du berger qui sera hissée en-haut d’un mât devant l’église avant de débuter la célébration.

La fête de Noël commence par un grand banquet qui réunit tous les chrétiens du village. Au menu : un cochon entier tué et préparé pour l’occasion, des assortiments de petits légumes, plantes bouillies, pousses de bambous, fleurs de bananes, omelettes et bien sûr du riz, en quantité. Un vrai régal ! Les gens se servent et s’assoient en cercle autour de petites tables. Le prêtre bénit le repas et tout le monde commence. En moins d’une demi-heure, le dîner est plié car tout le monde a fini son plat.

Après la nourriture terrestre, place à la spirituelle ! Que la messe commence ! D’un côté les femmes et les bébés, de l’autre les hommes et la chorale des enfants. Chacun a mis son vêtement traditionnel et l’assemblée est multicolore. Dans cette petite église, les bancs seraient superflus. Tout le monde est assis par terre, prie et chante avec une ferveur et un recueillement à faire pâlir les églises françaises. Avec nos 15 mots de karen, nous ne comprenons pas grand chose, mais le mystère de Noël agit en nous. Dieu se fait petit enfant et prend place parmi nous dans cette petite église où nous sommes en communion avec nos frères karens. Nous n’avons pas le même mode de vie, la même culture, mais nous partageons la même foi en un Dieu incarné qui se fait proche de nous. Et lorsque retentit en langue karen le traditionnel « Il est né le Divin enfant », suivi des « Anges dans nos campagnes », nous chantons avec eux à pleins poumons :

« Kloooooooooooooooo riiiiiaaaaaa, imlechsteeeesisteo »

A la fin de la messe, chacun vient se prosterner avec humilité pour embrasser l’enfant Jésus et déposer un petit bâtonnet d’encens incandescent au pied de la crèche.

Après la messe viennent les festivités. Tous les villageois sont conviés, même ceux qui ne sont pas chrétiens. On commence par le visionnage du film « Marie de Nazareth » doublé en langue karen, avec Francis Lalanne dans le rôle de Joseph. Nous ne pensions pas pouvoir autant rire devant ce film un jour ! S’enchainent ensuite les spectacles préparés par les enfants de l’école, très influencés par la culture thaïe. Chaque classe y va de sa chorégraphie digne de Kamel Ouali en exécutant des danses sur les tubes thaïs du moment. Les meilleurs danseurs reçoivent de la main du prêtre, du chef des chrétiens ou des anciens des gâteaux et des bonbons en guise de récompense. Vient enfin le moment de la loterie où chaque ticket est gagnant et qui permet à chaque famille de recevoir des couvertures, glacières, rice cookers, lessives et produits de toilette.

Attention, la soirée n’est pas encore terminée, vient le moment pour le Père Nicolas d’aller bénir les familles et chanter dans les maisons ! Accompagnés du petit Jésus dans sa mangeoire, nous visitons une par une les maisons. Après la bénédiction du prêtre, tout le monde s’assoie en cercle et entonne des chants traditionnels. La guitare des catéchistes rythme la soirée et les verres d’alcool de riz passent de main en main, pour symboliser l’unité du groupe présent.

En tout, nous avons visité 6 villages karens en une semaine. L’hospitalité, l’accueil et les sourires qui nous étaient réservés nous ont profondément bouleversés. Nous nous rendons compte à quel point travailler aux côtés de ces personnes est une chance.


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