Périple en Terres Karens

Posted on Oct 15, 2016
Périple en Terres Karens

— Paul, volontaire MEP en Thaïlande depuis 9 mois est arrivé en novembre dans le village de Maetowo. Il remplace ainsi Thaïs et Clément dans le suivi des projets de Terres Karens en Thaïlande, mais depuis un nouveau lieu de mission. Au revoir Maesot, welcome à Maetowo. Il vous fait part de ses premiers jours au service des Karens —

Mi-septembre, j’arrive à Maetowo pour prendre la suite de Clément et Thaïs sur le suivi des projets de Terres Karens en Thaïlande. La nuit en bus depuis Bangkok, l’arrivée au petit matin à Mae Sod puis les 3 heures de Songteo n’ont pas douché mon enthousiasme. Après 9 mois au Siam, c’est normal pour moi.

Maetowo, petit village qui borde la Moei, frontière avec la Birmanie qui est pour ainsi dire, au bout du jardin. C’est aussi le dernier point logistique avant de s’élancer vers Mae Sariang et les nombreux villages Karens qui parsèment les montagnes. Mae Woei Clo en fait partie, excentré, isolé, mais centre de gravité pour Terres Karens. L’épicentre de l’activité s’y trouve, bien que la mise en place de tissage à Ponouyapou suit son cours.

Me voici donc à passer du temps à Maetowo, découvrir ce nouvel environnement, et les enfants du centre. A peine quelques jours passent et le Père Alain (co-fondateur de Terres Karens) me récupère pour aller à Mae Woei, profitant ainsi de sa voiture pour aller travailler sur place. Ces dernières étant rares, il faut saisir les occasions à moins de faire les 13 km de piste à pied ! Voulant arriver dans la plus grande discrétion, le Pado s’est raté sur ce coup ! Le mystère entourant la date de sa venue a été éventée par les villageois, et ce sont les grands honneurs qui l’attendent. Arrivée à dos d’éléphants, tradition réservée aux grandes occasions, puis discours des différentes personnalités locales : le chef de village, le chef chrétien, les catéchistes, les professeurs, les enfants qui chantent… Grande joie de voir son pasteur de retour au bercail, pour s’occuper de ses ouailles.

Après une journée bien festive, le lendemain le travail commence. Il s’agit de mettre au clair un certain nombre de points avec Quentin, volontaire MEP sur place, et qui est en quelques sortes mes yeux et mes oreilles à Mae Woei. Le fonctionnement de Terres Karens n’est pas toujours très parlant puisqu’il s’agit de laisser les Karens gérer au maximum le projet, ce qui implique des procédures de prime abord peu orthodoxes, mais surtout adaptées au contexte local. Car c’est cela qui est important : Permettre aux Karens d’acquérir de l’autonomie sur le projet.

Quentin, jeté dans le bain rapidement, apprécie de pouvoir mieux comprendre son rôle et le fonctionnement plus général de Terres Karens. C’est pour moi l’occasion de toucher du doigt un certain nombre de réalités importantes à connaitre. L’atelier et ses machines à pédale, les types de fils, la technicité différente des lés, et mille autres contraintes inconnues pour le néophyte que je suis dans le tissage traditionnel. De longues discussions avec Philimo sur l’organisation de l’atelier, de la production de lés, en anglais – Karen – thaï ; on fait comme on peut ! Et puis des idées qui germent pour plus tard, les couturières qui me montrent comment elles réalisent tel ou tel article… Passionnant et indispensable que de passer plusieurs jours dans cet atelier à observer, questionner, écouter ces femmes qui ont un savoir-faire pour moi inaccessible ! Contrôles de la qualité, point sur la comptabilité, sur les besoins futurs, les accessoires, la production qui va arriver, tout y passe. Revue complète afin de s’assurer que tout le monde a les mêmes informations entre la coopérative / Quentin et moi. De ce fait, nous pouvons envisager la suite sereinement.

Le village de Mae Woei, niché au fond d’une vallée, baigné par une rivière, offre des panoramas somptueux. Quelle chance de se réveiller chaque matin avec cette vue à couper le souffle et le soleil qui perce doucement les fines rainures des volets de la maison. Baignade dans la rivière, au grand air pour se réveiller, c’est bien mieux que la douche à la maison. Pas de problème de débit ! Et puis le dénivelé pour se rendre vers les rizières à flanc de collines vous assurent une forme olympique. Quelques promenades avec Quentin agrémentent mon séjour et permettent de souffler entre le travail à l’atelier & les séances photos réclamées par Paris. Ajoutez à cela le Pado qui vous dresse une liste de choses à réparer impressionnante, il y en a un qui ne va pas chômer prochainement !

Un village Karen, c’est aussi une vie communautaire forte. Par 2 fois je suis invité à venir prier dans la maison de villageois, invitation large à laquelle une bonne cinquantaine de personnes répondent à chaque fois. Les motifs sont divers, mais obéissent à la même règle : lorsque l’on a un évènement particulier, on invite ses voisins à prier chez soi.

Dans la pénombre j’entre dans ces grandes maisons au volume impressionnant. L’entrée est haute, une ampoule faiblarde éclaire la pièce. A l’étage, un coin prière éclairé par des bougies, devant lequel l’assistance se rassemble. Chants en Karen, Je vous salue Marie, bénédiction par le Père. La simplicité avec toute la beauté que cela comporte. Et comme il suffit d’être rassemblé au nom du Seigneur pour qu’il soit là, rien n’empêche de prier avec simplicité.

Quentin volontaire à Maetowo - Terres Karens

Après une semaine, il est temps de quitter Mae Woei, pour y revenir d’ici quelques semaines. Mae Sod m’appelle pour quelques jours de travail intensif ! Courses pour prendre contact avec les interlocuteurs ad hoc, réception de lés, envoi de certains lés pour production, envoi de produits, réflexions sur les futures commandes, jointure avec Esprit Karen Bangkok… Les journées sont intenses et je passe même 2 jours de plus sur place qu’imaginé. Je remonte ensuite à Mae Tan pour me diriger à Ponouyapou.

Ponouyapou est un village à quelques km de Mae Tan, à mi-chemin entre Mae Sod et Maetowo. Accessible en toutes saisons, le centre surplombe la vallée avec une vue à couper le souffle sur les rizières en contrebas. C’est ici qu’en avril, un second pool de tissage a été initié. La demande augmentant, il s’agit de trouver de nouvelles tisserandes puis, à terme, d’arriver à créer un atelier à Ponouyapou également. Guillaume, volontaire depuis 6 mois, achète chaque semaine les lés tissés puis les fait parvenir à Mae Sod. Il s’agit donc de contrôler la qualité et la taille, pour s’assurer que le prix payé correspond au travail demandé ! Un rôle important pour le développement de ce pool de tissage. Guillaume termine son temps de volontariat et est remplacé par Sébastien qui restera un an. Ce changement nous a permis de bien mettre d’équerre le fonctionnement et ce que j’attendais des tisserandes ici, ainsi que du futur. Inventaire du fil restant, reconstitution de pelotes, vérification des comptes et du mode de fonctionnement. Tout y passe et il n’y a rien à redire, tout comme à Mae Woei. Les volontaires passent, Terres Karens n’est pas aux abois.

Deux belles journées plus tard il est temps de rentrer à Maetowo, après un beau périple dans les différents endroits où Terres Karens soutient des projets. Le transport fait partie de mon quotidien mais les paysages fabuleux aident à voyager, je suis heureux de faire de la route !

Paysage thaïlandais

2 Comments

  1. Thomas Oswald
    17 octobre 2016

    Bravo pour ce boulot !

    Passez le bonjour à l’ancien de Légati, Preu Po Pou, si vous le croisez, et dites lui que la BD qui raconte sa conversion est en bonne voie : la moitié des pages est finie, et sortira en 2017.

    O meu cheu peu

    Reply
    • terreskarens
      17 octobre 2016

      Merci Thomas ! Et nous, nous avons reçu votre commande !! #SacsKarens. On vous recontacte soon ! Of hsoof of kleiv.
      PYves

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